le temps des festivals
Après les Indépendances, une grande volonté identitaire s’affirme chez les intellectuels Sonny Labou Tansi, Soyanka, Amadou Koné, Senouvo, Agbota Zinsou….
Dans les années 1970-80, la plupart des régimes autoritaires des pays africains imposent une censure sur les créations artistiques et obligent les dramaturges à aller chercher en Europe et en Amérique un horizon plus favorable.
Le Festival International des Francophonies en Limousin, le Théâtre International de Langue Française en France, l’Imbu Repertory Theatre aux USA, deviennent un passage obligé pour tout dramaturge africain voulant accéder à la notoriété et à une certaine visibilité internationale.
Née ensuite l’idée qu’ils pouvaient recréer de tels festivals en Afrique. En 1966, le Premier Festival des Arts Nègres à Dakar ou en 1977 le Festival des Arts Noirs à Lagos rendent visible la diversité et la richesse culturelle de l’Afrique.
Il a été souvent reproché à ces intellectuels le fait d’avoir été influencés dans les choix esthétiques voire idéologiques à travers des cahiers de charges imposés par les bailleurs de fonds occidentaux.
Ces manifestations coûteuses ont malheureusement été de courte durée.
Aujourd’hui de nombreux festivals existent en Afrique francophone : le Festival International de Théâtre et de Marionnettes de Ouagadougou (FITMO) au Burkina, le Festival International de Théâtre du Bénin (FITHEB), le Marché des Arts du Spectacle Africain (MASA) en Côte d’Ivoire.
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Au Burkina Faso, deux structures, le Festival de Théâtre de l’Union des Ensembles Dramatiques de Ouagadougou - l’UNEDO- (réunissant l’Atelier Théâtre de Prosper Kompaoré et le Théâtre de la Fraternité de Jean-Pierre Guingané) et le Centre Burkinabé de l’Institut International de Théâtre - CB-IIT - sont à l’origine de la naissance du FITMO initié par Jean-Pierre Guingané en 1989. L’association UNEDO qui contrôlait toutes les troupes de Ouagadougou (danse, théâtre, musique) a permis l’enracinement du festival dans le pays tandis que le CB-IIT a créé une ouverture vers l’extérieur. Ces deux dimensions sont toujours présentes actuellement dans le FITMO. Le 2ème grand festival International du Burkina Faso, le Festival International de Théâtre pour le Développement (FITD), a été mis sur pied par Prosper Kompaoré en 1998.
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Conçu comme un festival itinérant, bi-annuel et solidaire, il se place sous le signe de l’engagement politique. Diverses questions cruciales de société touchant à la place de la tradition, de la religion, à la position de la femme, à l’importance de l’éducation, aux guerres… répondent aux attentes des populations dans les différents pays traversés. La dimension utilitaire de l’art apparaît très importante.
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L’entretien de Christine Douxami avec Jean-Pierre Guingané, publié le 4 mai 2008 dans Africultures, éclaire les objectifs et les évolutions de ce festival :
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Les objectifs de départ fixés par Jean-Pierre Guigané étaient simples : « augmenter le nombre de troupes de théâtre au Burkina Faso, obliger les troupes à faire une création de qualité une fois par an, créer une solidarité entre les troupes en les obligeant à travailler en commun ; utiliser le FITMO pour instaurer une coopération théâtrale avec les pays voisins. [...] Aucune édition du FITMO n’a connu de routine, chaque fois il y a eu un défi différent à relever : faire venir les pays voisins, ajouter la marionnette, amener des pays anglophones, faire venir l’Afrique du Sud […]. Lorsque le Congo était en guerre, nous nous sommes dits : ' il faut que les artistes congolais soient là ! ' et nous les avons fait venir : Ils sont arrivés la veille de la clôture. [...]. A chaque édition, un défi nouveau. [ …]. »
Au début des années 2000, une décentralisation culturelle commence timidement.
« Chaque Région devait s’organiser pour créer son propre festival de façon autonome. Ceux qui le souhaitaient pouvaient nous solliciter et nous pouvions les aider en envoyant des spectacles pour enrichir leur programmation [….]. Le but n’était pas d’étendre le FITMO mais qu’il serve d’étincelle pour faire démarrer la machine. Il fallait donc responsabiliser au maximum les Régions. Elles devaient pérenniser leur festival sous le nom qu’elles avaient choisi. Cela impliquait qu’elles créent des infrastructures, des théâtres notamment, qui ne soient pas qu’une façade mais qui vivent, des lieux où les artistes allaient commencer à circuler et ainsi de suite […] jusqu’à permettre une véritable activité culturelle dans les régions. Tel était l’objectif du FITMO.
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Pour réaliser cela, il fallait que le FITMO cesse d’être un festival spécialisé pour devenir un festival pluridisciplinaire car il est plus difficile de faire la promotion du théâtre seul. Avec un festival qui propose du théâtre, de la musique, de la danse, du cinéma, etc., dans les milieux ruraux c’est plus facile à gérer. Le responsable du festival au niveau de chaque région reste libre du champ artistique qu’il souhaite développer […]. »
Le FITMO 2007 devient alors FITMO- Festival des Arts du Burkina. Il a réuni avec le Ministère de la Culture l’aide de nombreux partenaires, AFRICALIA en Belgique, l’ADAMI à Paris, le soutien de la fondation togolaise ECOBANK et d’autres petites contributions (imprimerie, bureau des droits d’auteurs…), 42 troupes et compagnies issues de 9 pays africains et européens qui se sont produites à Ouagadougou et en région. Au total, ce sont 96 spectacles vivants, 8 projections cinématographiques et 2 expositions d’arts plastiques qui ont été donnés. Il faut ajouter les ateliers de formation, les résidences de création, les animations, les rencontres professionnelles.
Environ deux décennies ont permis aux organisateurs du FITMO de prendre la mesure des changements dans le monde. C’est par l’enracinement des pratiques culturelles et le regroupement des acteurs que Jean-Pierre Guingané a souhaité résister au rouleau compresseur de la mondialisation :
« La mondialisation dont on ne peut que contester l’utilisation politicienne est une réalité que vient attester la crise mondiale actuelle. Personne n’est à l’abri de quelque remous social, économique ou politique venu du bout du monde ».
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En vingt-huit ans, le FITMO 2017 placé sous le thème Théâtre et développement humain durable, est devenu un évènement majeur dans l’agenda culturel africain à travers son ouverture à la marionnette, à la décentralisation et à tous les arts. Trois pays européens (l’Italie, la Suisse, la Belgique), et six pays africains (Burkina-Faso, Mali, Togo, Niger, Bénin, et cette année la Côte d’Ivoire), ont participé à l’édition 2017 du festival international de théâtre et de marionnettes de Ouagadougou (FITMO). L’organisation et la production de la 16e édition ont visé la durabilité et l’approche entre la production artistique et les circuits de diffusion. Trois créations artistiques ont été coproduites pour le FITMO, dont deux ont été diffusées en Afrique et en Europe après le festival.
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Le FITMO s’inscrit dans le cadre des grandes manifestations à vocation panafricaine qui recoupent l’ensemble des préoccupations du monde des artistes de la culture sur le continent. Elles favorisent l’émergence d’un environnement propice au développement de la coopération entre artistes en offrant un cadre local de rencontres entre artistes africains qui facilitent la circulation des productions artistiques et suscite des projets de travail communs entre artistes (coproductions, formations, etc.). En même temps, l’Espace Culturel Gambidi à Ouagadougou, aujourd’hui autonome, assure la pérennité du festival à travers un programme régulier de représentations sur place, de tournées à l’intérieur du pays, de formations en art plastique et en art du spectacle vivant.
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UNIMA TOGO
Créée en 1979, l’Union des Marionnettistes du Togo (Centre National de l’UNIMA) regroupe plusieurs associations et compagnies de théâtres de marionnettes privées et indépendantes, qui utilisent leurs fonds pour la construction de leurs lieux de travail, ainsi que la création de leurs spectacles. Chaque association, compagnie ou troupe produit au moins trois nouveaux spectacles par an et fait entre 20 et 50 représentations.
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Projets importants et réalisations
L’UNIMA TOGO continue à participer activement aux côtés de tous les autres pays aux échanges internationaux dans le domaine des Arts de la Marionnette. Dans le souci de contribuer à la promotion et au développement de l’Art de la Marionnette au Togo, en Afrique et dans le reste du Monde, elle a organisé sous le Patronage de Ministère des Arts et de la Culture du Togo et avec le Goethe Institut (Centre Culturel Allemand de Lomé), la 1ère édition du Festival International des Arts de la Marionnette (FIAM) au Togo en 2013 ainsi que les Journées Portes Ouvertes sur la marionnette (JPO) destinées à la formation du public et des artistes.
UNIMA du BURKINA FASO a été créée en 2006 sous l’impulsion de La Compagnie du Fil, elle a traversé une remise en question liée à l’évolution de la pratique marionnettique dans le pays.
Malgré un manque de moyens financiers, elle continue d’enregistrer des adhésions, d’être un conseil et d’accompagner les structures engagées dans le développement de l’art de la marionnette en Afrique.
La rencontre qui s’est tenue au Burkina Faso le 11 février 2016 a été importante pour le développement des différentes centres de l'UNIMA de l'Afrique de l'Ouest et l’art de la marionnette dans nos pays (Pierre Onagre, secrétaire général Burkina Faso).
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Projets importants et réalisations
Depuis sa mise en place, elle s’est engagée auprès des structures et manifestations qui en ont le besoin, dont le projet Filigrane, piloté par La Compagnie du Fil depuis 2007, le Festival international de Théâtre Jeune Public (FITJP), organisé par le Théâtre Éclair, depuis 2009, les Rencontres internationales des Arts et de la Culture (RIAC), à Adzopé / RCI, en collaboration avec UNIMA Côte d’Ivoire, depuis 2010.
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Depuis 2009, le Collectif ACMUR (Arts, Clowns, Marionnettes et Musiques dans Nos Rues) organise le festival annuel, gratuit et hors les murs Rendez Vous Chez Nous. Véritable plate-forme d’Afrique de l’Ouest, le festival accueille chaque année de nombreuses compagnies artistiques africaines et européennes. Il contribue à la décentralisation et à la démocratisation de l’art au Burkina Faso et s’inscrit dans une logique de développement et de structuration des Arts de la Rue.
Dans le cadre de la 6 ème édition du Festival Rendez-Vous Chez-Nous de Ouagadougou, une première rencontre historique des 6 Centres UNIMA d’Afrique de l’Ouest a permis une réflexion sur la stratégie d'organisation à adopter dès 2016 sur l'ensemble du continent africain.
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Le Collectif ACMUR (Arts, Clowns, Marionnettes et Musique dans Nos Rues) a son pendant dans la ville de Nanterre en France qui est l’un des principaux contributeurs financiers. Les villages autour de Ouagadougou ont accès aux spectacles et le Festival se déplace par la suite dans les villes de Bobo-Dioulasso et de Boromo.
Dans le cadre du MASA (Marché des Arts du Spectacle Africain), des spectacles de marionnettes se déroulent dans différentes écoles de quartiers de Ouagadougou.
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